June 16, 2008

Un vol a Venise (7juin)

Me voici donc, a mille millions de kilomètres de la terre. Et fait, non, surement pas mille millions, mais pour moi, quelle en est la différence vraiment? Bref… Je suis sur un vol easyJet. Il y a les soulons français, la stewardess de Glasgow, le beau attendant de l’air Florent, la vente de parfums éditions spéciale. Bref, tout, quoi?

Je vole vers une nouvelle vie, sans-domicile-fixe comme je suis. Une nouvelle famille, une nouvelle langue. J’ai confiance en mes capacités d’adaptation. Ce n’est pas dire que je n’ai aucune crainte, j’ai tant entendu d’histoires de défaite d’autres expériences au-pair, en Italie, en France, en Grande-Bretagne, qui n’ont pas bien fonctionnés. Si c’est le cas pour moi, je me cho vers l’autre mère-patrie : le Royaume Uni. Elle me passionne ces temps-ci. La Deuxième Guerre, Dunkirque/Dunkirk, Coldplay, Robbie Williams, la BBC, Jane Austen et Charles Dickens. Mais rien de pessimiste, tout ira bien, dans le meilleur des mondes. Si vous avez eu cette référence extratextuelle, félicitations. Et sachez que je suis allé voir Voltaire l’autre jour. Il va bien.

10 700m. Ils viennent de me l’annoncer. Nous volons sur Zurich et ils viennent (déjà!!) de nous remercier de voler avec eux. Les vols semblent si vite sur le continent européen, c’est intense. Une nord-américaine se sent sérieusement lésée… Un vol de moins de deux heures ne semble même pas valoir la peine. Mais bon.

Si j’écrivais un roman sur mes expériences outre-mer, il s’intitulerait surement « Recueil post-idéologique de philosophies éphémères et pensées furtives sur le tourisme au 21e siècle, le voyage et son rôle dans la société occidentale, la culture du nomadisme étudiant, l’identité culturelle et linguistique ». Mais ceci serait plutôt sur les pensées qui traversent ma tête, tentant de m’expliquer rationnellement mon dégout pour le tourisme à l’Américaine ainsi que mon attrait saisissant pour le voyage en même temps. Mais nous savons bien que le monde est bâti sur des contradictions, comme le dirait Léopold Pilote. Par ailleurs, si jamais j’écrivais plutôt un livre de voyage, basé sur les mêmes expériences, mais suivant un courant plutôt narratif et chronologique, vous seriez rendus à la partie dramatique du livre ou vous tournez la page, habitués par les 3 ou 4 lignes laissées vides à la fin de la page, vous attendant à un autre chapitre, mais êtes tout à fait surpris par une page blanche! Vous tournez encore, indignés par l’occurrence de cette interruption dans l’ Ordre Des Choses et ne trouvez que deux mots, en grand format, pour vous préparer à ce changement dans le déroulement, un peu comme les grandes enseignes ‘ACHTUNG!’ ou ‘ATTENZIONE’ qui font que, même si vous ne comprenez pas la langue, vous savez très bien que c’est important : PARTIE DEUX.

En effet, cette Partie Deux viens un peu à l’abrupte, comme elle le fait quelques fois dans la littérature. D’ailleurs, vous ne savez pas ce qui vous attend lors du redémarrage, car l’affaire est tout à fait stoppé! Peut-être s’y est-il passé 5 ans, comme entre la 1e et la 2e partie de A Tale of Two Cities, de Dickens. Je ne sais pas ce qui m’attend après cette charniere. Je ne sais pas non plus ce qui m’attend à l’aéroport Marco Polo. [Mais j’aimerais bien lire les Récits de Voyage de Marco Polo.]